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LES ENCYCLOPEDIES

A l'heure de Wikipedia, l'on aura malheureusement oublié que l'Encyclopedia Universalis, et bien plus l'Encyclopedia Britannica ont toutes deux cédé leur support physique (papier) au profit du dvd (arrêté depuis) et surtout des accès internet. Pour l'Universalis, il n'y aura plus de mise à jour, la fin de toute une époque. Les encyclopédies (et quelques dictionnaires encyclopédiques comme le Larousse du XIXe siècle) diffusent pourtant un savoir organisé, de référence (celle aussi d'une époque, en général lors de grandes ruptures culturelles, intellectuelles, techniques).

Naturellement, l'on n'imprime pas 20 ou 30 volumes grand format de 1000 pages sans que d'une part cela ne prenne du temps et sans que la version ne soit la plus complète possible au moment de l'impression. Avec internet, le degré d'obsolescence de l'information a progressé, les connaissances ont franchi très vite les frontières de tous horizons, et la qualité du savoir a considérablement augmenté, l'IA venant franchir une étape majeure dans la restitution profonde d'informations. Les versions papier n'ont pas pu, pour des raisons évidentes, offrir autant de souplesse. Tous les savoirs sont touchés, même dans les sciences humaines comme l'histoire, la philosophie, la linguistique, etc. car ces domaines de recherche à défaut d'être plus riches sont bien plus diffusés.

Avec Wikipedia et l'IA, on voit qu'internet au sens large offre une richesse d'information exceptionnelle, dans toutes les langues, sur tous les sujets, avec des références nombreuses, précises, enrichies, ainsi que des médias illustratifs. Nous pensons que Wikipédia est en fait davantage un dictionnaire encyclopédique qu'une encyclopédie à part entière. Certains diront, à juste titre ou non, que les deux sont complémentaires. Cela est policé, mais la réalité n'est pas exactement celle-là : celui qui recherche une bonne information ne va pas forcément parcourir toute l'information disponible si ce qu'il a obtenu lui convient. Les articles de fonds de l'Universalis et la Britannica sont écrits par des universitaires, des chercheurs, des auteurs de référence dont les noms sont mis en avant à ce titre là (7000 pour l'Universalis). Wikipédia est écrit et actualisé par des internautes de tous bords, animés par le partage du savoir et de la connaissance. Même s'il y a eu quelques contestations sur des articles de Wikipédia (à la marge précisons-le), avec 5 fois plus d'articles à ce jour que l'Universalis, le contenu qualitatif est bien moindre, ou du moins très hétérogène. Universalis et Britannica ont toutes deux dans leur version online intégré des liens web pour enrichir la recherche d'article. C'est louable certes, mais cela était d'abord nécessaire. Est-ce que cela sera suffisant ? Comme malheureusement tous produits, le monde encyclopédique devrait se ré-inventer pour mieux se diffuser. La possibilité d'imprimer des articles dans un livre à composer moi-même, fussent-t-ils en pdf ? Mieux gérer l'intertextualité, la recherche, même si par exemple le moteur de recherche de l'Universalis, à bien l'utiliser, se révèle très performant.

Pour ceux qui utilisent les logiciels spécifiques de l'Universalis ou de la Britannica, un des outils que nous jugeons très utile au savoir et à la connaissance est les relations d'affinités, par un système d'arborescences habilement conçu et pertinent car les liens internes ont été créés dans l'esprit d'enrichissement de la connaissance et non pour bâtir simplement des liens de navigation. La différence est là. L'information même restituée par l'IA n'est pas suffisante. Il lui faut des liens pour juger en profondeur et garder l'esprit critique, par nécessité.

A ceux et celles qui nous demanderaient dans une boule de cristal l'avenir des encyclopédies de référence, nous pensons que la pertinence de l'information, du contenu, de la simplicité d'utilisation, d'un graphisme adéquat, dédié, qualitatif permettra aux encyclopédies classiques, même sur internet, d'affronter sereinement la vague numérique qui a commencé dès les années 90 et qui continuera encore très longtemps. Les éditeurs doivent renforcer leurs spécificités et permettre des recherches bien au-delà des seuls mots, par grands thèmes puis en affinant sa recherche, sur des formes plus proches des attentes des lecteurs que par les sophistications logicielles. L'approche thématique existe déjà, celle par arborescence et affinités également. Certes le plus important pour un encyclopédie est son contenu, mais aussi, nous semble-t-il, les liens entre différents sujets pour accroitre la 'reliance', les liens entre les thèmes.

Longue vie donc aux encyclopédies, et que cela puisse être dans chaque foyer un investissement (modeste au demeurant) contribuant à la culture, au savoir, des parents et des enfants. La restitution par l'IA ne donne, même à un excellent niveau, n'est pas la même démarche que le parcours d'un pur corpus encyclopédique.